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           BRICS-Afrique

 

         ---------

 

Partenariat pour le développement

 

              --------------  

 

 Promouvoir la Croissance Inclusive

 

   et le Changement Transformateur

 


REMERCIEMENTS

La présente étude, « Croissance inclusive et changement transformationnel, points

de mire du Partenariat BRICS-Afrique pour le développement », a été conçue par le

Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique afin de souligner

 le caractère impératif de l’industrialisation en Afrique, cerner les domaines dans

lesquels des partenariats peuvent être conclus et relever les cas dans lesquels

l’Afrique devra ajuster sa propre trajectoire de développement en fonction de ses

priorités, besoins et expériences.

 

L’étude a bénéficié de l’apport de divers consultants et professionnels. Travail de

collaboration, elle est le fruit des contributions du Centre africain pour les politiques

climatiques (CAPC), du Centre africain de mise en valeur des ressources minérales

(CAMRM), du Bureau régional pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour

 l’environnement (PNUE), ainsi que de l’appui de la Section des publications et de la

Documentation de la Commission économique pour l’Afrique et du Centre africain pour

la statistique (CAS). Les avis riches et diversifiés reçus ont été précieux pour structurer

les objectifs et les domaines d’action, et assurer la cohésion générale du document.

 

Nous tenons à exprimer notre reconnaissance au Directeur exécutif adjoint du

Programme des Nations Unies pour l’environnement, Ibrahim Tchiaw, pour le rôle                

directeur qu’il a joué dans la mobilisation de l’équipe et l’avancement des travaux.

Nous tenons à remercier également les experts ci-après, issus du système des

Nations Unies et de la région africaine en général, pour leur participation aux travaux

de rechercher et de rédaction: Bruk Tekie, Fatima Denton, Tessa Adamson, Johnson

Nkem et Frank Rutabingwa du Centre africain pour les politiques climatiques, Jeremy

Webb du Centre africain de mise en valeur des ressources minérales, ainsi que

Munyaradzi Chenje, Samba Harouna, Desta Mebratu, Fulai Sheng et Ding-Yong Tan

du Bureau régional pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour

l’environnement.

 

Nous sommes également reconnaissants du soutien appréciable apporté à l’étude par

 l’équipe de la Section de la documentation et des publications, sous la direction de

Demba Diarra, et par l’équipe du Centre africain pour la statistique, sous la direction de

Chukwudozie Ezigbalike. Le résultat de cette étude est dans une large mesure

attribuable à l’excellent travail de facilitation et de coordination effectué par Thierry

Amoussougbo du Centre africain pour les politiques climatiques. La présente étude

atteste du bel esprit d’équipe et de la diligence des collaborateurs mobilisés au sein de

la Commission économique pour l’Afrique et du Programme des Nations Unies pour

l’environnement qui, dans leurs domaines de compétence respectifs, comprennent

bien la volonté africaine de sceller de véritables partenariats, et la nécessité d'aligner

ces partenariats sur les aspirations du continent et sur son entreprise de transformation

structurelle.

 

AVANT-PROPOS

Le développement d’une économie verte susceptible de fonder le progrès social et

économique est un projet qui trouve son ancrage dans la notion que le changement

social et la transformation sociale sont des moteurs clefs de la préservation des

ressources limitées de la planète. Les changements climatiques et la variabilité du

climat présentent à la fois de nouvelles menaces et de nouvelles occasions qui

mettront à l’épreuve le ressort des sociétés et des économies africaines.

L’Afrique aura plusieurs défis à surmonter sur la voie de sa transformation structurelle,

dont le moindre ne sera pas la nécessité de mener à bien une industrialisation verte et

d’accélérer l’avènement de technologies plus propres. Le continent doit surmonter

l’insécurité qui touche ses approvisionnements en énergie et en eau, et imprimer à son

développement une trajectoire qui intègre l’impératif de la croissance verte.

En la comptant parmi les outils indispensables à la préservation, l’amélioration et la

reconstitution du capital naturel en tant que ressource économique primordiale pour la

création de nouvelles activités économiques, la Conférence des Nations Unies sur le

développement durable a reconnu à l’économie verte un véritable potentiel de

changement social. Pendant bien trop longtemps, la richesse et le bien-être se sont

construits au détriment de l’environnement. Cela étant, l’ironie veut que l’Afrique soit

une des régions du monde les moins responsables des changements climatiques liés

aux activités humaines. Un fait d’autant plus préoccupant qu’une grande part de la

population africaine est tributaire des ressources primaires et reste bloquée à la

périphérie du développement. Quoique le continent n’intervienne que pour 3,6 % dans

les émissions mondiales et ne contribue que marginalement à la dégradation actuelle

de l’environnement, les effets négatifs associés aux changements climatiques,

exprimés en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), y sont plus intenses que partout

ailleurs dans le monde.

Les ressources naturelles sont l’épine dorsale de la croissance économique qu’a connue

l’Afrique ces dernières années. En 2011, les matières premières et les produits

semi-transformés représentaient 80 % des exportations africaines, par rapport à 60 %

pour le Brésil, 40 % pour l’Inde et 14 % pour la Chine. Les produits agricoles, le bois,

les métaux, les minéraux et les hydrocarbures comptent pour environ 35 % dans la

croissance enregistrée par l’Afrique depuis l’an 2000. Ils sont également à la base des

moyens de subsistance d’une population dont la survie dépend dans une large mesure

de la terre arable, de la forêt de la pêche et d’autres ressources naturelles.

Le contient reste la proie d’une pauvreté aiguë, dont un aspect majeur est la pauvreté

énergétique. De fait, si la tendance actuelle se maintient, près de 600 millions de

personnes en zones rurales seront toujours sans électricité en 2030, et un plus grand

nombre encore sans énergie propre pour cuire leurs aliments.

L’Afrique se trouve à la croisée des chemins entre une croissance économique fragile

et une volonté d’industrialisation rapide. Sa transformation structurelle en faveur

d’activités plus porteuses de valeur ajoutée et d’emplois modernes doit compter avec

les obstacles majeurs résultant de la prépondérance du secteur extractif.

Depuis le début de la révolution industrielle, l’industrialisation débridée a été une des                                              grandes causes de la dégradation de l’environnement et du réchauffement de la planète.

Désormais, l’industrialisation doit être un outil de transformation sociale et économique

des sociétés africaines, dans l’optique ultime d’une transformation structurelle du continent.

Industrialisation et transformation agricole doivent être

concomitantes. La révolution verte en Afrique doit entraîner

dans son sillage toute une panoplie de ressources, de technologies

et d’institutions. Il n’y a pas de solutions toutes faites.

Nombre d’éléments requis par la transformation structurelle s

’avéreront également utiles pour lutter contre les changements

climatiques et pour déterminer un cap qui soit conforme aux

aspirations du continent en matière de croissance verte inclusive.

Le secteur agricole africain est vaste et largement inexploité. Il est propice à l’investissement et aux transferts de technologie et de connaissance axés sur une classe moyenne grandissante. Ce qui ne manquera pas d’avoir des effets transformateurs sur l’économie et les moyens de subsistance du continent. Les cinq économies émergentes du groupe BRICS – le Brésil, le Fédération de Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – ont continué d’accroître le volume de leurs échanges commerciaux avec l’Afrique. Ainsi le commerce sino-africain est-il passé de 10 milliards de dollars des États-Unis en 2000 à 190 milliards de dollars des États-Unis en 2012. Ces pays sont à présent les plus grands partenaires commerciaux du continent, avec des échanges appelés à dépasser les 500 milliards de dollars des États-Unis d’ici à 2015. Ils deviennent également d’importants investisseurs en Afrique, en particulier dans le secteur manufacturier et celui des services. Qui plus est, l’engagement des pays du groupe BRICS dans l’agriculture africaine est motivé par la perspective qu’ils pourront promouvoir leurs propres approches en matière de développement agricole, de sorte à libérer le potentiel du continent dans cet important secteur de croissance. La promotion de l’agriculture sera un outil de développement important pour débarrasser l’Afrique de la pauvreté et de la faim à long terme. À cet égard, l’échange de données d’expérience avec les pays du groupe BRICS et la mise au point d’un nouveau model de partenariat stimulera la productivité agricole d’un continent qui cherche à moderniser son industrie dans ce secteur.

L’industrialisation tardive de l’Afrique donne à celle-ci l’occasion de s’y prendre différemment. Il ne s’agira pas seulement de mettre l’accent sur des modèles visant à privilégier les exportations ou à remplacer les importations. Les nouveaux pôles d’industrialisation devront être plus proches des centre d’extraction de produits de base, et une grande importance devra être accordée à la réalisation accélérée des possibilités technologiques. Dans la perspective d’un marché africain en croissance, de solides relations verticales devront être assurées en se fondant sur la compréhension des chaînes de valeur mondiales dans toute leur complexité.

L’émergence des pays du groupe BRICS en tant qu’acteurs clefs de la scène mondiale a fait naître l’espoir d’un nouveau mode de partenariat. Mutuellement bénéfique, il contribuerait à l’avènement d’une Afrique qui puisse mettre en valeur ses abondantes ressources naturelles, saisir les occasions offertes par son pouvoir de consommation accru et récolter pleinement les fruits économiques de sa poussée démographique.

L’Afrique enregistrera sa plus grande croissance économique pendant les 40 années à venir. En 2050, sa jeunesse constituera plus du quart du réservoir mondial de main-d’oeuvre. L’avantage et les possibilités en matière de capital humain sont de taille. Le retard du continent présente un avantage: celui de pouvoir choisir directement ses technologies parmi les plus propres, efficientes et économiques en ressources. Ses liens grandissants avec les BRICS pourraient créer de nombreuses possibilités et contrer les phénomènes de consommation gaspilleuse et d’épuisement des ressources. S’il est vrai que les exigences technologiques et financières de l’industrialisation verte sont considérables, le fait de rediriger les investissements vers l’économie verte entraînera une croissance économique plus rapide. Selon les projections de croissance démographique, l’Afrique devra créer 10 millions d’emplois par an dans le secteur structuré de l’économie pour répondre à l’arrivée de jeunes de plus en plus nombreux sur le marché de l’emploi. La technologie et le transfert de compétences resteront des composantes essentielles de la progression de l’Afrique vers une économie verte.

 

Le chômage des jeunes pourrait se résorber grâce à de judicieuses politiques agricoles, notamment en faveur des secteurs agroalimentaire et agro-industriel. Tous deux ont la capacité de rompre le cycle de l’agriculture de subsistance. Il ne fait pas de doute que la jeunesse africaine peut être rapidement mise à contribution sur les marchés du travail. Les gouvernements africains doivent passer avec la jeunesse un nouveau « contrat social » basé sur la confiance et la volonté de mettre à la disposition des jeunes de nouvelles possibilités de formation et de création d’entreprises qui puissent être financées par des investissements provenant des pays du groupe BRICS. La jeunesse africaine est le meilleur atout du continent face aux occasions de croissance qui se présentent à lui aujourd’hui. Il doit les intégrer pleinement dans le processus de développement, faire d’eux de véritables acteurs, et non de simples témoins, de la transformation économique en cours. Le choix d’investir dans l’esprit d’entreprise de la jeunesse est un pari gagnant pour l’Afrique, parce qu’il va dans le sens de la transformation structurelle.

 

L’Afrique doit renforcer son secteur des services afin de consolider les acquis de l’urbanisation et de l’expansion de la classe moyenne. Elle doit également révolutionner sa productivité agricole et les chaînes de valeur qui y sont associées pour faire face à la pauvreté qui continue de l’affecter. Et c’est maintenant qu’elle doit le faire. Les peuples d’Afrique retiennent leur souffle. Ils ont hâte d’user de toutes leurs ressources pour déclencher des changements durables dans chaque sphère de l’entreprise de développement du continent. L’Afrique peut en effet devenir un continent qui fournit des solutions aux grandes problématiques actuelles, comme celle des changements climatiques. Il est grand temps que le continent mette à profit ses abondantes ressources pour changer le cours des choses et transformer sa « malédiction des matières premières » en un vaste éventail d’occasions de transformation structurelle durable.

 


 

 

 

Carlos Lopes

Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique et Secrétaire général adjoint de l’ONU

Achim Steiner

Directeur exécutif du PNUE et Secrétaire général adjoint de l’ONU

 

 

 


RÉSUMÉ ANALYTIQUE

Les pays africains ont la possibilité de transformer leur croissance et leur développement économiques en les axant sur la viabilité environnementale et la résistance aux changements climatiques. Au cours de la décennie écoulée, l’Afrique a accompli des progrès remarquables en matière de développement économique et social, notamment au regard de certains des objectifs du Millénaire pour le développement. Elle est aujourd’hui la région du monde qui connaît la croissance économique la plus rapide. Sept des 10 pays dont les taux de croissance annuels sont appelés à être les plus élevés du monde entre 2013 et 2015 sont des pays africains1. Le continent reste toutefois confronté à des difficultés majeures, comme l’accès insuffisant à l’énergie et à l’eau potable, l’insécurité alimentaire et la dégradation des sols. En Afrique subsaharienne, par exemple, le taux d’accès à l’électricité est de 30%, le plus bas enregistré, et les taux d’accès à l’eau potable et à l’assainissement sont respectivement de 64 % et 31 %, tandis que 65 % des terres arables y sont en dégradation, principalement en raison du manque d’eau et de l’érosion des sols5. À cela s’ajoute le fait que la majorité des systèmes de subsistance dans la plupart des pays africains sont tributaires de ressources naturelles qui, liées à l’eau, la terre et la forêt notamment, sont très sensibles à la variabilité et aux changements climatiques. Les effets négatifs de ces phénomènes sur des ressources aussi critiques ne manqueront pas d’affecter les moyens de subsistance d’une population africaine en pleine croissance.

La main-d’oeuvre africaine relève à 70 % environ du secteur agricole, lequel génère à peu près 32 % du PIB du continent. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, entre 1999 et 2009, la croissance de l’emploi agricole représentait à lui seul la moitié de la croissance globale de l’emploi en Afrique subsaharienne. C’est l’agriculture, en particulier grâce à ses secteurs agroalimentaire et agro-industriel développés, qui a été le moteur de la croissance économique de pays tels que le Brésil et la Chine. En Afrique, ces secteurs interviennent pour 30 % dans les revenus nationaux, et sont à l’origine de la majorité des revenus à l’exportation et de la plus grande part de l’emploi. L’industrialisation du secteur agroalimentaire a le potentiel de soustraire les populations rurales à la pauvreté et de créer de l’emploi. En tirant les enseignements de ce qui s’est fait en Asie et en Amérique du Sud, l’Afrique s’ouvrira progressivement des horizons prometteurs.

La mise au point et l’exploitation de technologies innovantes sont un domaine dans lequel l’Afrique peut tirer parti du potentiel qui est le sien pour maintenir son niveau actuel de croissance économique et améliorer la qualité de vie de sa population. C’est notamment le cas des technologies de l’information et de la communication, dont le taux de pénétration n’atteint pas les 10 % sur le continent. La communication mobile fournit un bon exemple de l’usage que l’Afrique peut faire de l’innovation technologique en tant qu’instrument décisif de transformation sociale et de croissance inclusive, mais aussi comme moyen de puiser dans les vastes réservoirs de connaissances accessibles à travers le monde. Le taux de pénétration de la téléphonie mobile sur le continent est passé de 37 % en 2010 à son niveau actuel d’environ 80 %. L’Afrique se situe également à l’avant-plan de la téléphonie mobile par les nouvelles technologies qu’elle génère, comme le virement de fonds par téléphone portable. L’innovation technologique sera l’occasion pour le continent de s’affranchir des marchés traditionnels des produits de base pour épouser des structures économiques modernes porteuses d’un développement mû par la technologie.

Le produit combiné des trois principales économies du monde en développement – le Brésil, la Chine et l’Inde – est équivalent au PIB combiné des puissances du Nord (2013). Cette équation est à l’image d’un

BRICS-Afrique Partenariat pour le Développement

rééquilibrage profond de la puissance économique à l’échelle de la planète. La forte croissance de l’économie et la régression rapide de la pauvreté dans ces pays, en particulier en Chine, se sont traduites par des niveaux de pauvreté réduits, tandis que la forte concentration des investissements dans les domaines de la technologie et de l’innovation leur ont permis de dépasser leurs homologues du Nord sur le plan de l’entrepreneuriat technologique et des capacités manufacturières. Arrivée tardivement à l’industrialisation, l’Afrique a l’avantage de pouvoir passer directement à des technologies plus propres, qui sont aussi plus efficaces et plus sobres en ressources, et qui atténueront le gaspillage, l’épuisement des ressources et la dégradation de l’environnement. Si la faim aiguë, le chômage des jeunes et les causes structurelles de la pauvreté empêchent les gouvernements africains de tirer pleinement parti de la croissance actuelle, le continent continue de bénéficier d’investissements directs croissants de la part de ses partenaires du Sud. Il peut s’instruire des réussites et revers de ces pays et s’appuyer sur ces leçons pour construire son propre projet de développement. L’Afrique doit prendre soin d’établir de nouveaux partenariats dans le monde en développement, que ce soit directement de pays à pays, ou dans le cadre des commissions économiques régionales des Nations Unies, ou encore à l’échelle continentale. Il est crucial de concevoir un modèle d’interaction effectif avec les partenaires et de se doter d’un programme de transformation qui vienne compléter les politiques nationales et régionales mises en place pour favoriser l’intégration. Ce sont les garanties d’une croissance économique viable à long terme.

Pour maintenir le cap de leur croissance économique actuelle, les pays africains doivent opérer un changement transformationnel réalisant l’adéquation entre les activités génératrices de revenus, les investissements et les technologies de développement qui sont essentiels pour doter la population africaine d’une économie résiliente, sobre en carbone, verte et inclusive. La rapidité avec laquelle les ressources non renouvelables (combustibles fossiles, minéraux métalliques et non métalliques) sont exploitées de nos jours pourrait avoir un effet néfaste sur la croissance et la viabilité de l’économie. Il est donc essentiel de troquer l’énergie produite par les combustibles fossiles non renouvelables contre des sources d’énergie renouvelables qui tiennent compte de l’environnement ou des effets des changements climatiques, et qui soient respectueuses des écosystèmes vitaux pour les économies nationales et les moyens de subsistance de millions de personnes de par le continent.x

 

I. INTRODUCTION

A. CONTEXTE ET ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT

 

La présente étude considère la nécessité pratique de définir et d’examiner les choix stratégiques que suppose la réalisation d’un projet de transformation visant à concilier la croissance économique avec les préoccupations écologiques et l’équité sociale. Elle comporte un examen de certains changements transformationnels qu’ont connus les pays du groupe BRICS, ainsi que de l’appui que ces pays peuvent apporter à l’Afrique sur la voie d’une transformation verte comparable à la leur. Au lendemain du sixième Sommet du groupe BRICS qui s’est tenu dans les villes brésiliennes de Fortaleza et de Brasília du 14 au 16 juillet 2014, sur le thème « Croissance inclusive: solutions durables », l’étude entend également mettre en évidence certaines leçons et expériences qui peuvent être dégagées de ce que les pays du groupe BRICS ont entrepris pour intégrer le développement durable et les changements climatiques dans leurs politiques et pratiques, ainsi que de la façon dont ces pays ont su tirer parti des occasions nouvelles qui se sont présentées dans leur réalités nationales respectives.

Des éléments de plus en plus nombreux tendent à établir que les facteurs climatiques ont déjà un impact négatif sur les efforts de développement des pays africains. S’ils veulent limiter les effets néfastes des changements climatiques sur leur croissance et leur développement économiques, ces pays doivent par conséquent prendre la mesure de leur capital naturel, de leurs limites géographiques et de leur capital humain et social lorsqu’ils conçoivent des programmes de développement économique. Ils pourront ainsi définir des solutions de développement viables et durables affranchissant leur croissance économique de technologies et modèles d’affaires peu performants et inappropriés qui ne tiennent pas dûment compte des conséquences environnementales ou des coûts sociaux. Il s’agit d’encourager les pays à tirer le meilleur parti des possibilités de croissance économique inclusive et durable qui se présenteront à eux. Les changements climatiques affecteront les systèmes de production, les ressources en eau, l’infrastructure, les systèmes de livraison et, partant, la qualité de vie des Africains. Les systèmes d’approvisionnement en eau douce, les systèmes d’irrigation, les aqueducs et les canaux peuvent facilement être endommagés par des événements climatiques extrêmes, tels que les inondations. Les conséquences sanitaires – hyperthermie, maladies respiratoires, maladies infectieuses transmises par l’eau – peuvent s’avérer graves et mettre sérieusement à mal les systèmes de santé publique du continent.

Ses faibles émissions de carbone (environ 3,6 % du total mondial) couplées à l’abondance de ses richesses naturelles mettent l’Afrique dans une position unique pour adopter un modèle de développement privilégiant la mise en oeuvre de technologies plus propres et rentables, ainsi que le recours à des sources d’énergie renouvelables.

 

B. LES PAYS DU GROUPE BRICS ET LE DÉVELOPPEMENT

 

Soucieux d’accroître leur résistance aux crises mondiales, les pays du groupe BRICS ont adopté une approche visant à se doter d’une croissance économique durable et à assurer la prospérité partagée de leurs citoyens au moyen de la diversité économique, la modernisation technologique et un développement novateur. Ce qui suppose un investissement continu dans la rentabilité énergétique, les énergies de substitution, l’information, les télécommunications, les nouvelles technologies médicales et la mise au point de médicaments. Un accent tout particulier est mis sur le traitement des abondantes ressources minérales et sur une meilleure croissance de la production agricole.1

Les pays du groupe BRICS jouent un rôle international de plus en plus saillant dans le commerce, l’investissement, la finance et la gouvernance. Ensemble, ils représentent plus de 40 % de la population mondiale, 25 % du PIB mondial et 50 % de la croissance économique mondiale. Leur impact sur l’industrialisation du continent africain peut être significatif2. Ils présentent à celui-ci de nouvelles possibilités, de nouvelles façons de faire pour accorder croissance économique et développement. L’Afrique peut adopter des approches similaires pour assurer sa transformation vers une économie verte et un développement sobre en carbone.

Au cinquième Sommet du groupe BRICS qui s’est tenu dans la ville sud-africaine de Durban les 26 et 27 mars 2013, les dirigeants et représentants des pays membres ont signé une série d’accords dont deux portaient sur le financement de l’économie verte et de l’infrastructure en Afrique: le BRICS Multilateral Infrastructure Co-Financing Agreement for Africa et le BRICS Multilateral Cooperation and Co-Financing Agreement for Sustainable Development. Le premier entend ouvrir la voie au cofinancement de projets infrastructurels à travers le continent; le second envisage la mise en place d’accords bilatéraux de coopération et de financement, spécifiquement dans les domaines du développement durable et de l’économie verte9. Tous deux attestent la volonté des pays du groupe BRICS de soutenir des processus de croissance économique durable et de prospérité inclusive similaires aux leurs dans l’optique de la transformation et du développement de l’Afrique. Le sixième Sommet du groupe BRICS a été marqué par la Déclaration de Fortaleza et la signature d’accords en vue de l’établissement de la Nouvelle Banque de développement et d’une coopération multilatérale en matière d’innovation. Selon l’article 11 de la Déclaration, la principale fonction de la Banque est de mobiliser des ressources pour la réalisation de projets d’infrastructure et de développement durable dans les pays du groupe BRICS et d’autres économies émergentes ou en développement45, tandis que la coopération en matière d’innovation vise à soutenir des projets de promotion de l’investissement dans l’innovation technologique, en particulier dans les domaines de l’infrastructure, de l’énergie durable et de l’agro-industrie47.

 

À l’instar du groupe BRICS, l’Afrique aspire à jouer un rôle grandissant dans les affaires, le commerce et le développement mondiaux. Dans un récent rapport de la Commission économique pour l’Afrique, M. Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la Commission, a déclaré ceci: « La taille des économies des BRICS, leur potentiel économique et leur volonté de renforcer leur représentation politique au niveau des instances internationales les rend[ent] particulièrement intéressants pour le développement du continent africain2. » Il existe donc des possibilités de synergies entre les intérêts du groupe BRICS et ceux de l’Afrique.

Certaines questions clefs doivent être réglées pour que la coopération avec les pays du groupe BRICS et les leçons tirées des expériences de ces pays puissent conduire à un développement équilibré et durable. Pour maintenir la croissance économique actuelle de l’Afrique, par exemple, il faut déployer des efforts délibérés pour accorder croissance et transformation structurelle. Cette dernière doit être axée sur une forte croissance économique et sur la création d’emplois et de richesse, mais sans aller à l’encontre de la viabilité environnementale. Elle devra pour ce faire prendre appui sur des innovations qui tiennent compte des impératifs énoncés ci-dessous.

 

1.    Utilisation rationnelle des ressources

 

Le capital de l’Afrique en ressources naturelles peut être un atout majeur pour faire échec à la pauvreté et orienter le continent vers un programme de développement à base plus large. Cette nouvelle perspective suppose que les richesses et les ressources soient gérées pour le plus grand bien des populations, des écosystèmes et des services.

Dans cette optique,  Promouvoir la croissance inclusive et le changement transformateur

les institutions africaines doivent s’atteler à définir des politiques adaptées qui conduisent à de bonnes possibilités d’investissement et de création d’emplois, ainsi qu’à la consommation durable des abondantes ressources naturelles du continent.

 

1.     Adoption d’une stratégie de développement sobre en carbone

 

La voie du développement sobre en carbone permet l’utilisation rationnelle des ressources en même temps que l’exploitation de technologies plus propres favorables à la croissance. Plusieurs options existent pour promouvoir l’utilisation de sources d’énergie renouvelables sur le continent tout en limitant l’investissement dans les technologies sales et à forte intensité de carbone.

 

1.     Utilisation de l’investissement en tant qu’outil clef

 

L’investissement a la capacité de générer des revenus et des emplois tout en façonnant l’avenir de l’économie où il se produit. Dans une économie verte, son impact sera plus grand dans les secteurs où la croissance peut s’avérer plus durable et visible. La transition vers une telle économie suppose que l’investissement soit redirigé vers les infrastructures ouvertes sur l’avenir, les technologies propres, le capital naturel et le développement humain. Il appartient dès lors à l’Afrique de se concentrer sur des secteurs qui aiguilleront son économie vers une croissance durable et une transformation accélérée.

 

1.     Mise en place de cadres institutionnels solides

 

La mise en place d’institutions fonctionnelles et de politiques visant à encourager la croissance économique et à amener l’Afrique à une économie verte sont d’importantes conditions préalables. Le gouvernement a un rôle important à jouer en créant les conditions favorables à la transition vers une économie verte, notamment pour ce qui est d’accorder la priorité aux secteurs et industries stratégiques. Ce sont des éléments cruciaux pour arriver à transformer rapidement les contraintes environnementales en possibilités socioéconomiques.

 

1.     Prise en compte du principe d’inclusivité

 

L’économie verte a sur la société un pouvoir de transformation d’autant plus grand lorsqu’elle est fondée sur une logique de partage des bienfaits. La croissance verte peut être un moyen d’élimination de la pauvreté si elle conduit à l’apparition de nouveaux types d’emplois, à la mise en place de filets de protection pour aider ceux qui sont affectés par la transformation, et à la création de possibilités d’investissement dans l’éducation et la formation des travailleurs qui doivent en bénéficier.

 

.              PRINCIPAUX DOMAINES D’ENGAGEMENT AVEC LES PAYS DU GROUPE BRICS

1- Commerce

(a) Le commerce de marchandises entre l’Afrique et les pays du groupe BRICS a doublé entre 2007

et 2012.

(b) La plupart des exportations africaines sont constituées par des produits primaires.

(c) En 2011, les produits manufacturés (73,8 %) et alimentaires (14,6 %) constituaient deux des plus

grandes catégories de produits des pays du groupe BRICS importés par l’Afrique.

.               

.              2. Investissement direct étranger

(a) En 2011, la part des pays du groupe BRICS dans les stocks d’investissement directs étrangers

(IDE) entrants et les entrées d’IDE en Afrique était respectivement de 14 et 25 %. L’investissement total combiné de la Chine et de l’Inde était de 30 milliards de dollars des États-Unis.

(b) En 2012, les flux d’IDE vers l’Afrique totalisaient 50 milliards de dollars des États-Unis, soit 3,7 %

des flux mondiaux, et la part la plus faible d’entre toutes les régions.

(c) Plus de 30 % de l’investissement direct chinois vise les industries extractives.

 

3. Aide au développement

(a) En 2010, la Fédération de Russie a consacré 98,2 millions de dollars des États-Unis à la

formation et à la technologie agricoles dans les pays africains; l’année suivante, elle a donné à

quelque 8 000 étudiants africains l’occasion d’étudier auprès d’universités russes (voir l’annexe III pour la liste complète).

(b) L’aide de l’Afrique du Sud, accordée sous la forme de débours annuels à son Fonds pour la

renaissance africaine et la coopération internationale (African Renaissance and International

Cooperation Fund), a atteint des montants variant entre 45 à 75 millions de dollars des États-Unis

ces dernières années.

(c) La Chine s’est engagée à verser 10 millions de dollars des États-Unis au titre de la préservation de la faune et de la flore sauvages, ainsi que de la promotion de la recherche commune dans le domaine de la protection de la biodiversité.

 

Le tableau ci-dessous présente les cinq pays africains qui bénéficient le plus de l’aide au développement accordée par chacun des pays du groupe BRICS, sauf l’Afrique du Sud.

 


 

TABLEAU 1: AIDE AU DÉVELOPPEMENT

Donateur

Bénéficiaire

Montant

(en millions de dollars É.-U.)

Brésil

Guinée-Bissau

3,5

Algérie

3,5

 

Sénégal

2,8

 

Sao Tomé-et-Principe

2,0

 

Angola

2,0

 

Fédération de Russie

République démocratique du Congo

2,9

Kenya

2,9

 

Somalie

2,0

 

Guinée

1,0

 

Mali

0,7

 

Inde

Mali

100,0

République démocratique du Congo

70,0

 

Gabon

67,0

 

République centrafricaine

60,0

 

Zambie

50,0

 

Chine

Nigéria

1 727,0

Égypte

731,0

 

Ghana

246,0

 

Éthiopie

182,0

 

Kenya

98,0

 

 


Face à l’insécurité énergétique, à l’épuisement des ressources naturelles et aux défis de la pollution, les pays africains doivent se doter de stratégies adéquates pour concevoir leur développement à venir autour de technologies compatibles avec l’impératif de durabilité. L’adoption de technologies vertes est l’occasion pour l’Afrique de s’affranchir rapidement d’un développement à forte intensité de carbone qui repose sur les technologies et systèmes gaspilleurs utilisés par les pays développés, et, tout à la fois, de passer directement aux sources d’énergie renouvelables et plus propres.

STRATÉGIQUE

Les changements climatiques sont de plus en plus perçus comme un problème majeur assorti de nombreux risques pour lesquels ne semblent pas exister d’antidotes20. Le Cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a réitéré que l’Afrique était le continent le plus vulnérable aux effets des changements climatiques, et qu’elle n’avait guère la capacité de faire face à des effets d’une telle ampleur. Étant donné que plus de 95 % des petits exploitants agricoles y dépendent de l’agriculture pluviale, le degré de vulnérabilité et d’insécurité du système est extrêmement élevé. Compte tenu de la contribution importante de l’agriculture aux économies nationales africaines, la trajectoire de croissance du continent est fortement sujette à l’influence des changements climatiques. Il importe dès lors que les stratégies tendant à une croissance économique soutenue prennent en compte les risques et les possibilités associés aux changements climatiques. La figure 2 présente les différentes degrés d’exposition aux dangers des changements climatiques qui existent sur le continent, calculés selon la variabilité des régimes de précipitation et les événements météorologiques extrêmes tels que les inondations, les tempêtes et les sécheresses susceptibles d’affecter les moyens de subsistance et les économies des pays. L’impact de ces chocs climatiques sur les moyens de subsistance est accentué par les faibles niveaux de développement et la pauvreté généralisée, lesquels rendent les communautés locales d’autant plus vulnérables aux effets de la variabilité et des changements climatiques. Ainsi plus de 70 % de toutes les catastrophes naturelles qui ont frappé la République-Unie de Tanzanie sont-elles liées à de graves sécheresses et inondations résultant de la variabilité du climat. Le parti d’adopter des mesures de résilience pourrait améliorer les résultats des systèmes alimentaires


 

FIGURE 2: DEGRÉS D’EXPOSITION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN AFRIQUE

 

 

Source: LOPEZ-CARR, David, et al., « A spatial analysis of population dynamics and climate change in Africa: potential vulnerability hot spots emerge where precipitation declines and demographic pressures coincide », Population and Environment Journal, vol. 35, no 3, mars 2004.


et leur capacité cruciale de contribuer à la sécurité alimentaire, à la protection sociale et à la sécurité des écosystèmes. Les dispositions prises pour relever efficacement ces défis doivent s’inscrire dans les stratégies de développement nationales et régionales.

 

RENFORCEMENT DU POTENTIEL AGRICOLE DE L’AFRIQUE

 

La sécurité alimentaire est une des fonctions d’un système alimentaire efficace. Malheureusement, en dépit des possibilités énormes de l’Afrique en matière d’agro-industrie et d’irrigation à grande échelle, ses systèmes alimentaires sont de plus en plus vulnérables aux changements climatiques, qui ont un impact direct sur la production agricole. Les variations de la production dues aux effets climatiques vont se répercuter sur la chaîne d’approvisionnement et entraîner en définitive une augmentation des prix à la consommation des denrées alimentaires.

Malgré ces difficultés, l’agriculture reste le levier central par lequel la croissance économique africaine sera transformée et stabilisée, et par lequel les secteurs peu performants seront stimulés. Le secteur agricole africain n’a pas encore été mis à profit comme moteur de croissance et de transformation économiques. De nos jours, quelque 260 millions de personnes ne connaissent pas la sécurité alimentaire en Afrique. Le continent dépense de 40 à 50 milliards de dollars des États-Unis par an pour importer des produits agricoles, et sa productivité moyenne de 1,5 tonne par hectare est la plus faible au monde21. Les pertes en substances nutritives des sols africains sont évaluées à 4 milliards de dollars de États-Unis par an, et les importations annuelles de céréales sont passées ces 50 dernières années de 5 à plus de 50 millions de tonnes11 13. Depuis 1980, l’augmentation de la production agricole africaine n’est guère le fait d’une amélioration de la productivité des terres déjà exploitées, mais résulte à plus de 80 % de l’augmentation des surfaces cultivée.

Pour assurer sa résilience et bénéficier d’une productivité agricole durable, l’Afrique doit: a) recourir à des techniques de culture qui réduisent l’érosion des sols; b) mettre au point des systèmes de production axés sur les besoins du marché, ainsi que des politiques efficaces et de meilleurs systèmes de gestion des ressources en eau et en terres; c) assurer le financement de l’agriculture; d) faire appel à des technologies améliorées; e) investir dans l’infrastructure pour améliorer l’accès et la distribution; f ) développer l’agro-industrie pour diversifier les sources de revenu en milieu rural. Un rapport récent du Programme des Nations Unies pour l’environnement et du Ministère sud-africain de l’environnement a conclu que le fait d’investir dans des pratiques écologiques durables en Afrique du Sud pourrait, tout en réduisant les émissions de gaz carbonique, occasionner d’ici à 2030 une augmentation du rendement des cultures pouvant aller jusqu’à 23,9 %25. Les systèmes de production pastorale, par exemple, sont connus pour leur grand impact sur l’environnement. Le financement de pratiques durables dans ce domaine, comme la mise à disposition d’axes et de services de mobilité, peut déboucher sur une productivité de deux à dix fois plus grande, les pasteurs ayant la possibilité de déplacer leurs troupeaux plutôt que de les laisser l’année durant en un même lieu qui serait sujet à une pluviosité imprévisible. La mise en oeuvre de telles pratiques se traduirait également par une réduction des émissions de gaz à effet de serre par kilo de viande produite, et par une résistance accrue à la variabilité climatique12.

Il est évident que la transformation de l’Afrique doit s’appuyer sur une base agricole stable et sur une restructuration des systèmes de production agricole. La Chine et l’Inde, bien qu’ayant de trois à six fois moins de terres arables que l’Afrique, ont fait la preuve que les surplus engendrés par une agriculture plus productive pouvaient stimuler la croissance industrielle. Étant donné que l’Afrique abrite une population en forte croissance qui devrait atteindre les deux milliards d’individus à l’horizon 2050, qu’elle dispose de 60 % à peu près des terres arables non cultivées de la planète, et que les trois quarts de ses habitants dépendent de l’agriculture pour leur subsistance, le secteur agricole se doit d’être au coeur des efforts de développement durable du continent.

À l’article 61 de la Déclaration de Fortaleza, les dirigeants du Brésil, de la Fédération de Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud ont affirmé leur résolution de promouvoir la coopération agricole et d’échanger des informations concernant les stratégies d’accès à l’alimentation des populations les plus vulnérables, de réduction des effets négatifs des changements climatiques sur la sécurité alimentaire et d’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques46. Dans cette optique, la Chine a annoncé une contribution de 10 millions de dollars des États-Unis au financement du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, un programme du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) conçu pour susciter des partenariats public-privé au sein du secteur agricole. D’autres pays du groupe BRICS pourraient soutenir le secteur agricole africain en créant un environnement propice à des partenariats qui permettraient au continent d’accroître sa production agricole sans mettre à la charge du petit exploitant agricole – moteur des systèmes de production africains – des coûts d’infrastructure et de transport qui seraient hors de sa portée.

Plusieurs pays africains ont déjà commencé à prendre des mesures stratégiques concrètes pour placer l’économie verte au centre de leur stratégie nationale de développement. Ils sont de plus en plus nombreux à prendre l’initiative à cet égard et à saisir l’occasion pour élaborer des stratégies nationales en faveur d’une économie et d’une croissance vertes. C’est ainsi qu’ont notamment vu le jour les instruments suivants: National Strategy for Climate Change and Low Carbon Development (Rwanda), Climate-Resilient Green Economy Strategy (Éthiopie), Roadmap for a Green Economy (Mozambique) et New Growth Path (Afrique du Sud). Sans compter que les stratégies d’économie verte dont se sont dotés le Kenya et le Ghana sont déjà en cours d’application avec le soutien du Programme des Nations Unie pour l’environnement et d’autres partenaires de développement.

 

Agriculture

À moins de 1 kilogramme par hectare, le taux d’utilisation des engrais de synthèse en Ouganda compte parmi les plus faibles au monde; il n’atteint pas les 2 % de la moyenne subsaharienne de 9 kilogrammes par hectare, elle-même déjà extrêmement basse. Cette faible utilisation des engrais de synthèse a été pour l’Ouganda l’occasion de se tourner vers des formes biologiques de production agricole, une orientation stratégique vigoureusement soutenue à l’échelon national. La Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique évalue la valeur du marché mondial des aliments et boissons biologiques, qui s’est accru de 10 à 20 % par an entre 2000 et 2007, à quelque 50 milliards de dollars des États-Unis. Ce sous-secteur ouvre des possibilités d’exportation à de nombreux pays en développement, en sachant que 97 % des revenus générés par le biologique le sont dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, tandis que 80 % des producteurs se trouvent dans des pays en développement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. L’Ouganda est devenu un grand producteur de produits biologiques en Afrique. Ces produits sont devenus une source importante de recettes d’exportation et une source importante de revenus pour les cultivateurs du pays. Les exportations biologiques certifiées de l’Ouganda sont d’abord passées de 3,7 millions de dollars des États-Unis en 2003-2004 à 6,2 millions de dollars en 2004-2005, avant de faire un bond à 22,8 millions de dollars des États-Unis en 2007-2008. La certification de l’agriculture biologique commence à prendre pied en Afrique. C’est notamment le cas au Kenya et en République-Unie de Tanzanie qui mettent au point une norme similaire à celle qu’a adoptée leur voisin ougandais.

 

B. LES ÉNERGIES RENOUVELABLES AU SERVICE DE LA TRANSFORMATION DE L’AFRIQUE

 

Dans les 20 prochaines années, la demande d’énergie de l’Afrique croîtra au même rythme que sa population et son économie. La population africaine, qui compte actuellement 1 milliard de personnes, soit 15 % de la population mondiale, n’est toutefois responsable que de 4 % de la consommation énergétique du monde. D’ici à 2035, la consommation d’énergie du continent devrait s’accroître de 93 % par rapport à son niveau actuel6. L’Agence internationale de l’énergie révèle, dans son rapport World Energy Outlook Report 2013, qu’environ 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, et que le taux d’électrification des zones rurales subsahariennes est seulement de 19 %7. L’énergie est pourtant une composante indispensable du développement et un moteur majeur de la croissance économique, puisqu’elle facilite le développement de l’industrie de la construction et de l’industrie manufacturière qui sont de grandes consommatrices d’énergie. Le lien étroit entre la croissance économique et la consommation énergétique est bien connu. En 2010, par exemple, la consommation d’énergie des États- Unis d’Amérique était plus de six fois celle de l’Afrique (98 billiards de British thermal units ou BTU pour les États-Unis contre seulement 16,32 billiards de BTU pour l’Afrique).

L’Afrique possède un important avantage comparatif sur les autres régions du monde du fait de l’abondance et de la diversité de ses ressources énergétiques inexploitées, telles que l’hydroélectricité, l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie géothermique et la bioénergie. Dans le cas de l’hydroélectricité, par exemple, si le continent dispose des ressources hydrauliques nécessaires pour générer 1 852 térawattheures par an, et satisfaire ainsi tous ses besoins, en particulier par le biais des pools énergétiques et du commerce transfrontalier d’énergie, il n’a pu réaliser à ce jour que moins de 9 % de ce potentiel hydroélectrique exploitable8. L’Afrique pourrait de même générer annuellement 2 000 kilowattheures par mètre carré en tirant parti de son ensoleillement moyen constant et intense de plus de 325 jours par an. Elle pourrait également produire plus de 3 750 kilowattheures par mètre carré le long de ses côtes occidentales grâce à l’énergie du vent et de la houle. Elle jouit en outre d’un potentiel géothermique très important le long des quelque 6 000 kilomètres de la vallée du Rift est-africain, le Kenya ayant à lui seul un potentiel de production estimé à 10 000 mégawatts, moyennant l’émission de gaz à effet de serre toutefois. Le tableau 2 ci-dessous présente une liste des possibilités offertes par les sources d’énergie renouvelables présentes en Afrique. L’électrification rurale utilisant les énergies renouvelables est une autre possibilité attrayante pour un continent où les habitants des zones rurales, qui constituent plus de 70 % de la population totale, sont les plus affectés par le manque d’accès à l’énergie. La disponibilité de sources d’énergie renouvelables réduirait la dépendance à l’égard des combustibles fossiles, qui sont de plus en plus coûteux, et faciliterait le développement du secteur de l’électricité à l’échelle locale par la promotion de technologies renouvelables de petite taille, telles que les microéoliennes ou les micro ou minicentrales hydroélectriques, qui sont autant de moyens appropriés et abordables de mettre en place un système de production énergétique moderne et décentralisé. En 2011, par exemple, l’électricité produite à travers le continent provenait à plus de 80 % des combustibles fossiles et ne représentait qu’une part marginale de l’énergie consommée par l’Afrique, loin derrière le bois de feu qui restait la première source de consommation énergétique. Le Brésil, en revanche, qui figure au huitième rang des consommateurs d’énergie dans le monde, satisfaisait 80 % de ses besoins en électricité grâce à l’hydroélectricité.

L’accès insuffisant à des services énergétiques fiables et durables occasionne ainsi pour l’Afrique, en dépit de son vaste potentiel, une perte de PIB de 2 à 4 %. Il prive également les foyers africains d’installations de cuisson écologiques, ainsi que d’électricité, et freine les efforts accomplis pour réaliser un développement durable10.

L’Afrique doit reconnaître un degré de priorité élevé au développement des infrastructures énergétiques et à la réduction des obstacles au développement propre et renouvelable par l’adoption de politiques publiques novatrices. La diversification des options de production énergétique donnerait au continent l’occasion d’accroître sa sécurité énergétique, de réduire sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles tout en diminuant ses dépenses énergétiques en devises. Il aurait aussi la possibilité de bénéficier de technologies plus propres et rentables, telles que les installations solaires photovoltaïques, les miniréseaux et les installations hors-réseau.

Si les demandes d’énergie actuelles ne sont pas satisfaites, les aspirations de l’Afrique en matière d’industrialisation resteront lettre morte.

Investissements dans les énergies renouvelables

Le parc éolien d’Ashegoda en Éthiopie a été officiellement mis en service en octobre 2013. Sa capacité de 120 mégawatts en fait le plus puissant d’Afrique. Il devrait produire quelque 400 millions de kilowattheures par an.

Le Kenya est le premier pays d’Afrique à produire de l’électricité géothermique. Considérée comme une solution intéressante du fait de son potentiel estimé à 7 000-10 000 mégawatts, l’exploitation de cette abondante ressource est en cours d’accélération.

Le Projet d’énergie éolienne du lac Turkana a pour objectif d’apporter 300 mégawatts d’énergie éolienne fiable et à faible coût au réseau national du Kenya, ce qui équivaut à environ 20 % de la capacité de production électrique actuellement installée dans le pays. Le projet, qui coûte 70 milliards de shillings kényans (800 millions de dollars des États-Unis) et représente le plus important investissement privé mené au Kenya, revêt une grande importance stratégique pour le pays. Le parc éolien, d’une superficie de 162 km2, se trouve dans la division de Loyangalani du district de Marsabit, dans le nord-est du pays, à environ 50 km au nord de la municipalité de South Horr. Le parc sera pleinement opérationnel, à 300 mégawatts, d’ici à 2016.

Certains types de projets d’énergies renouvelables sont perçus comme coûteux et pourraient susciter des préoccupations environnementales. C’est notamment le cas de l’avant-projet de la gorge d’Atoka, qui suppose la construction d’un barrage et d’une centrale hydroélectrique sur le Zambèze, à proximité des chutes Victoria. La centrale devrait générer de l’électricité pour le Zimbabwe et la Zambie, mais aussi accroître l’offre électrique pour l’ensemble de la sous-région. Il est appelé à devenir le troisième plus grand projet hydroélectrique du Zambèze, après les barrages de Kariba et de Cahora Bassa, et le dixième plus grand bassin de retenue établi sur le fleuve. Les barrages existants ont déjà eu des effets dommageables, tels que la dégradation des mangroves côtières, la réduction de la pêche (poissons d’eau douce et crevettes), le recul de l’agriculture alluviale et de l’approvisionnement en eau des plaines alluviales, et la présence d’impacts biophysiques (érosion verticale dans le delta et chute des niveaux de nappe). Un nouveau barrage aggraverait ces effets. D’où la nécessité d’étudier de façon approfondie l’impact à long terme de tels ouvrages sur l’environnement.


 

TABLEAU 2: RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES RENOUVELABLES EN AFRIQUE

 

Type d’énergie (renouvelable)

Potentiel

Répartition géographique

Observations

Références

Hydroélectri­cité

 

(11 % du po­tentiel mondial total)

 

 

1 834 TWh/an

 

 

Afrique centrale: 57 %

Afrique de l’Est: 32 %

Reste de l’Afrique: 11 %

 

 

93 % du potentiel africain reste inexploité.

La République démocratique du Congo possède environ 42 % du potentiel hydroélectrique africain.

 

 

Conseil mondial de l’énergie

Biomasse

Biomasse forestière:

70 milliards de tonnes

Afrique entière

La majeure partie de la biomasse est actuellement utilisée pour la cuisson (biomasse traditionnelle).

La production de biocarburants est notamment envisagée au Ghana, au Mozambique et en Zambie.

M. Parikka

Énergie solaire

Ensoleillement:

1 800-2 850 kWh/m2/an

Majeure partie de l’Afrique

Afrique du Nord: rayonnement moyen de 6,1 kWh/m²/jour

Afrique de l’Est: rayonnement moyen de 5 kWh/m²/jour

Afrique australe: rayonnement moyen de 5 à 6 kWh/m²/jour

Afrique de l’Ouest: rayonnement moyen de 3 à 4 kWh/m²/jour

Ensoleillement tunisien:

1 700 à 2 200 kWh/m²/an

Potentiel technique de produc­tion d’énergie photovoltaïque:

33 TWh/an en Gambie

8 700 TWh/an au Soudan

Potentiel de production d’énergie solaire à concentration:

7 TWh/an en Érythrée

40 500 TWh/an en Libye

Conseil mondial de l’énergie

National Re­newable Energy Laboratory

Énergie éo­lienne

Vitesse du vent:

Afrique aus­trale (6-7 m/s)

Afrique du Nord (5- 8,5 m/s)

Les sites les plus intéressants se trouvent le long des côtes de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe.

L’Égypte, le Maroc et la Tunisie as­surent environ 96% des 1 014 MW de capacité installée de la région.

D’ici à 2020, la production d’énergie éolienne augmentera d’environ 8 500 MW la production énergétique africaine.

Desert Research Foundation of Namibia

Business Insights

World Wind En­ergy Association

Énergie géo­thermique

9 000 MW

Afrique de l’Est

L’Afrique comptait 172 MW de capacité installée au 31 décembre 2008, dont 95 % au Kenya.

S. Karekezi et

W. K Kithyoma

Conseil mondial de l’énergie

CME 2010

 

Source: Centre africain pour les politiques climatiques,

 

 


C. POSSIBILITÉS D’EMPLOIS, D’INNOVATIONS ET DE TECHNOLOGIES SUR LA VOIE D’UNE CROISSANCE DURABLE ET INCLUSIVE

 

La science, les nouvelles technologies et l’innovation jouent un rôle central dans les efforts menés pour verdir les économies africaines. L’adoption des nouvelles technologies vertes ne permettra pas seulement d’améliorer la productivité et les résultats du développement, mais offrira également au continent la possibilité de contourner les technologies et produits polluants et inefficaces, sans passer par la case des modes de production et de consommation les plus nuisibles et les moins durables. Dans le Document final de la Réunion consultative régionale pour l’Afrique sur les objectifs de développement durable, tenue à Addis-Abeba du 21 octobre au 5 novembre 2013, les États membres ont souligné que la mise au point et le transfert de technologies constituaient des moyens de réalisation essentiels et faisaient partie intégrante des conclusions de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable. Ils ont formulé des suggestions en ce sens. Il existe toutefois peu d’informations sur les diverses technologies que les pays africains pourraient utiliser pour réaliser leurs objectifs en matière d’économie verte. Les nouvelles technologies sont reconnues, mais il est difficile de savoir dans quelle mesure elles sont efficaces.

La technologie a été un moteur de premier plan pour le développement des civilisations humaines, et un facteur essentiel de la satisfaction des besoins sociaux. Le développement technologique n’est toutefois pas un phénomène isolé de tout contexte; il est façonné par les relations et processus sociaux, les conditions économiques et les dispositions institutionnelles, tandis qu’à son tour, les conditions socioéconomiques sont modelées par les technologies mises au point et utilisées. Par le fait qu’il assure le développement des capacités d’utilisation, d’adaptation et d’amélioration des technologies, l’apprentissage technologique revêt une importance critique pour la mutation technologique. La compétence technique ne consiste pas seulement à comprendre la théorie des solutions technologiques, mais également à cerner à quel point elles peuvent s’intégrer à la vie quotidienne. Dans les économies développées ou émergentes, par exemple, il n’est pas nécessaire de « travailler dans la technologie » pour avoir l’esprit technologique. La technologie y fait partie de l’environnement social; à l’inverse, souvent tributaires d’une logique de subsistance, les populations africaines tendent à l’utiliser passivement. Ainsi les inefficaces cuiseurs à foyer ouvert sont-ils encore couramment utilisés en Afrique, et ce, malgré les difficultés accrues causées par la collecte du bois et les maladies respiratoires qui sont associées à ce type de combustion. Le nombre de décès annuels dus à la pollution domestique résultant de la cuisson par brûlage de la biomasse est actuellement de 400 000 en Afrique, et la plupart des victimes sont des femmes et des enfants8. Il est à cet égard nécessaire de transformer le lien existant entre la société et les technologies, afin que les citoyens ordinaires puissent contribuer, en tant que praticiens et innovateurs, à une plus grande inventivité technologique. Cette transition appelle des politiques radicales et des investissements importants dans diverses initiatives susceptibles de mieux faire comprendre l’intérêt des technologies, par des actions éducatives tendant à susciter un véritable changement social. L’une des activités du Programme pour les systèmes semenciers en Afrique, qui relève de l’Alliance pour une économie verte en Afrique, est un bon exemple d’initiative dans ce sens. Le programme soutient en effet la formation de spécialistes en agronomie en vue d’assurer la pérennisation des recherches sur les cultures africaines et le maintien de l’approvisionnement en nouvelles variétés de semences. À la fin 2013, non moins de 135 masters en sciences et 56 doctorats avaient été obtenus par le biais des bourses d’études du programme43.

L’emploi est un autre moteur majeur de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté. Dans la plupart des pays africains, le chômage est demeuré à un niveau élevé ces 10 dernières années. La population actuelle du continent compte près de 200 millions de jeunes (âgés de 15 à 24 ans) et ce nombre devrait doubler d’ici à 20452. Au fur et à mesure que s’accroîtront les IDE des pays du groupe BRICS en faveur du continent, il faudra que des secteurs clés tels que les industries extractives, l’agriculture ou les services deviennent des sources d’emplois locaux durables et de croissance. Au cours des 40 prochaines années, l’investissement dans l’agriculture verte pourrait créer 47 millions d’emplois supplémentaires dans le monde.

D’autres efforts sont nécessaires pour encourager les pays du groupe BRICS à considérer la région comme un pôle de production. Ainsi les principaux constructeurs d’automobiles indiens, tels que Tata Motors, Mahindra et Maruti Suzuki, s’intéressent-ils de plus en plus à l’Afrique pour étendre leurs activités au-delà des marchés dynamiques que représentent notamment la Chine et la République de Corée. L’Inde était au douzième rang des exportateurs d’automobiles vers l’Afrique en 2003. Neuf ans plus tard, elle s’est hissée au sixième rang, devant la France et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne d’Irlande du Nord. La crise de 2008 a forcé de nombreux pays asiatiques, dont l’Inde, à rechercher d’autres marchés que les États-Unis et l’Europe22. La morosité des marchés intérieurs asiatiques touchés par l’inflation, combinée au taux élevé de l’emprunt, a également contraint certains pays comme l’Inde à voir en l’Afrique leur prochain grand marché automobile. Tata Motors assemble déjà des camions près de Pretoria (Afrique du Sud) et s’apprête à créer des activités similaires avec des fabricants locaux au Kenya. Ces initiatives sont autant de signes de l’importance croissante du marché africain. Tata Motors s’est développée moins rapidement en Afrique que ses concurrents chinois, adoptant délibérément une vision à plus long terme misant sur les bénéfices plus importants que pourraient générer des points d’entrée en Côte d’Ivoire, Tunisie et République-Unie de Tanzanie.

Transport

Le Gouvernement kényan construit actuellement un système de transport en commun rapide dans la zone métropolitaine de Nairobi. La première phase du Nairobi Commuter Rail Network a été lancée en novembre 2012. Grâce à ce système efficace et fiable, les navetteurs seront plus nombreux à utiliser un moyen de transport durable et à faible émission de carbone. Des investissements similaires ont lieu en Éthiopie.

Financements

L’Afrique du Sud a établi un fonds vert national en 2012-2013. Ce fonds offre à l’administration, aux financiers et au secteur privé la possibilité d’appuyer directement des initiatives novatrices en matière d’économie verte. Il a bénéficié d’une allocation initiale de 800 millions de rands sud-africains (75 millions de dollars des États-Unis) du Gouvernement sud-africain par le biais de la Banque de développement d’Afrique australe. Divers entrepreneurs spécialisés dans les projets verts à fort impact ont bénéficié de ces financements.


 

Pays du groupe BRICS

 

Pays africains

 

Secteurs

 

Investissements

Inde

Afrique subsaha­rienne / du Nord

Télécommunications

En 2010, l’entreprise indienne Bharti Airtel a financé les réseaux de Zain à hauteur de 10,2 milliards de dollars des États-Unis et a continué de développer ses activités en Ouganda et en Répu­blique démocratique du Congo.

Chine

Afrique entière

Agriculture

Le Gouvernement chinois a annoncé une contribution de 10 milliards de dollars des États-Unis destinée aux partenariats public-privé menés dans le secteur agricole en vue de réaliser les objectifs du NEPAD-PDDAA.

Chine

Éthiopie

Télécommunications

Trois sociétés, Ethio Telecom, l’entreprise de télécommuni­cations chinoise ZTE, et Huawei Technologies, ont conclu un accord de 1,6 milliard de dollars des États-Unis pour commer­cialiser la 4G dans la capitale Addis-Abeba, et la 3G à travers le pays.

Chine

Éthiopie

Infrastructure

Des prêts de 4,81 milliards de dollars des États-Unis ont été octroyés pour financer un nouveau projet ferroviaire.

Chine

République démocratique du Congo

Infrastructure

Le Gouvernement chinois s’est engagé à consacrer 3 milliards de dollars des États-Unis à la construction d’infrastructures, et ce, moyennant un accord avec l’organisme minier public pré­voyant l’extraction de 7 millions de tonnes de cuivre et de près d’un demi-million de tonnes de cobalt pendant 25 ans.

Chine

Kenya

Infrastructure

Un financement de 25,5 milliards de dollars des États-Unis est accordé pour la construction d’un port maritime à Lamu.

Chine

Kenya

Énergie

Infrastructure

Protection de la faune et de la flore

Le Gouvernement chinois a signé un contrat de 5 milliards de dollars des États-Unis prévoyant le financement d’un nouveau projet énergétique et d’une ligne ferroviaire, ainsi qu’une contribution à la protection de la faune et de la flore.

Chine

Nigéria

Infrastructure

Le Gouvernement chinois a accordé au Nigéria des prêts à taux réduit (moins de 3%) totalisant 1,1 milliard de dollars des États-Unis pour la construction d’un réseau de train léger pour la capitale et de quatre aéroports.

Chine

Ouganda

Infrastructure (trans­port)

Le Gouvernement chinois s’est engagé à verser 350 millions de dollars des États-Unis pour la construction d’une voie expresse entre l’Aéroport international d’Entebbe et la capitale Kampala.

Chine

Ouganda

Énergie

La société Sinohydro construit le barrage hydroélectrique de Karuma, d’une puissance de 600 MW.

Chine

Zimbabwe

Énergie

Les Gouvernements chinois et zimbabwéen financent l’expan­sion du barrage de Kariba grâce à un prêt de 319 millions de dollars des États-Unis.

Chine

Zimbabwe

Énergie

Agriculture

Les Gouvernements chinois et zimbabwéen contribuent à hau­teur de 1,2 milliard de dollars des États-Unis au financement de l’aqueduc reliant le Matabeleland au Zambèze (Matabele­land-Zambezi Water Project).

Afrique du Sud

Nigéria

Télécommunications

Un opérateur de téléphonie mobile sud-africain compte 45,6 millions d’abonnés au Nigéria.

Afrique du Sud

Nigéria

Industrie manufac­turière

En 2012, la société sud-africaine Tiger Brands a procédé à sa troisième acquisition sur le marché nigérian, en achetant 63,5 % des parts de la minoterie Dangote.

 

 


B. INVESTISSEMENTS VERTS DANS LES PAYS DU GROUPE BRICS: POSSIBILITÉS ET ENSEIGNEMENTS POUR L’AFRIQUE

 

Les pays du groupe BRICS possèdent certaines des plus grandes entreprises des secteurs de base – en plein essor mondial – de l’économie verte. À l’article 53 de la Déclaration de Fortaleza, les dirigeants du Brésil, de la Fédération de Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud réitèrent leur position selon laquelle les énergies renouvelables et propres, l’étude et la mise au point de nouvelles technologies, et l’utilisation rationnelle de l’énergie peuvent donner lieu à une puissante dynamique de développement durable et de nouvelle croissance économique, et réaffirmé l’importance de poursuivre l’action internationale en faveur du déploiement d’énergies propres et renouvelables, ainsi que de technologies à haut rendement énergétique, tout en prenant en compte les politiques, priorités et ressources nationales46.

En 2012, la Chine a augmenté de 23,1 gigawatts sa capacité de production énergétique propre, et investi 65,1 milliards de dollars des États-Unis dans la production d’énergie renouvelable non polluante. Trois des cinq premiers producteurs d’hydroélectricité étaient chinois en 2012. Le pays est le plus grand producteur d’hydroélectricité du monde, avec 23 % de la production totale, devant le Brésil (11 %) et la Fédération de Russie (4,5 %)14. Les possibilités d’emplois verts ont augmenté ces dernières années dans les pays du groupe BRICS. En 2010, le Brésil comptait 2,9 millions d’emplois verts (6,6 % de l’emploi formel) dans des secteurs menant des activités de lutte contre les dommages environnementaux. La Chine a créé plus d’un million d’emplois dans le cadre de son programme forestier15. Dans le secteur énergétique, le Brésil ambitionne de créer 52 000 emplois dans le domaine des systèmes héliothermiques d’ici à 2018, l’Afrique du Sud prévoit d’ouvrir 50 000 emplois d’ici à 2020, et la Chine créera 430 000 emplois touchant aux énergies renouvelables d’ici à 2030, et près de 900 000 emplois touchant aux systèmes solaires photovoltaïques d’ici à 202015. Entre 1990 et 2008, du fait des changements technologiques qui ont grandement accru l’efficacité énergétique des industries, la Chine a réduit son intensité énergétique industrielle de près des deux tiers, l’Inde de près de la moitié, et la Fédération de Russie et l’Afrique du Sud de 30 % environ16.

 

               QUELQUES EXEMPLES D’INVESTISSEMENTS VERTS DANS LES PAYS DU GROUPE BRICS

               Brésil

 

Le Brésil a réussi à mettre en place une importante capacité de production d’énergie renouvelable. L’hydroélectricité occupe une place majeure dans son approvisionnement énergétique. Son alimentation en électricité a été assurée à environ 85,4 % par des sources d’énergie renouvelables en 2010, l’hydroélectricité représentant à elle seule 78,8 % de sa production électrique totale29. Sa capacité hydroélectrique devrait passer de 89 gigawatts en 2011 à plus de 130 gigawatts en 2035. Cette réussite pourrait servir d’exemple aux pays africains, en particulier au Cameroun, à l’Éthiopie et à la République démocratique du Congo, qui possèdent un immense potentiel hydroélectrique estimé à plus de 1 800 térawatts30. L’exemple brésilien montre toutefois que la construction de grandes centrales hydroélectriques pose problème. Elle peut en effet avoir d’importants effets néfastes sur l’environnement local, les barrages devant être construits dans des zones susceptibles d’être inondées, ce qui présente un risque pour la biodiversité. En Amazonie, par exemple, les barrages ont provoqué l’émission d’un volume considérable de méthane, gaz à effet de serre dont l’incidence sur le système climatique est plus forte que le gaz carbonique. Outre qu’elle nuit à l’environnement, la construction de barrages peut avoir un impact négatif sur les populations locales, en les forçant à se déplacer, en réduisant leur stock de poisson et en empêchant le transport par bateau.

Le Brésil s’efforce d’éviter ces effets négatifs en ayant recours à des installations hydroélectriques « au fil de l’eau », qui dispensent d’inonder de vastes zones et réduisent par là-même la nécessité de déplacer des populations et de détruire des forêts. Alors que se poursuivent les protestations contre la construction des grandes centrales hydroélectriques telles que celle de Belo Monte (troisième au monde par sa taille), des efforts sont déployés pour tenter de limiter les retombées socioéconomiques négatives de ces ouvrages: par le versement d’indemnités compensatoires aux communautés locales affectées, par l’installation de passes à poissons et d’élévateurs à bateaux, et par la construction de logements et d’écoles pour les populations déplacées29. Cela étant, des études ont constaté que les trois quarts des grands barrages dépassaient largement leurs devis de construction31.

Le spectaculaire recul de la déforestation au Brésil ces 20 dernières années est un autre exemple positif majeur. Dans les années 90, la déforestation brésilienne touchait chaque année une zone de forêt tropicale correspondant à la superficie de la Belgique. Le taux de déforestation a chuté de 70 % ces 10 dernières années, passant d’une moyenne décennale de 19 500 km2par an en 2005 à 5 800 km2 en 201333. Selon The Economist, si le défrichement des forêts s’était poursuivi au rythme de 2005, 3,2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone en plus auraient été rejetées dans l’atmosphère, soit le montant des émissions annuelles de l’Union européenne32.

Cette réussite a été possible grâce à la mise en place d’un processus en trois phases: interdictions, meilleure gouvernance des territoires frontaliers et pression des consommateurs sur les entreprises. Lors de la première phase, qui a duré du milieu des années 90 jusqu’en 2004, l’action gouvernementale s’est concentrée sur l’imposition de mesures d’interdiction et de restriction frappant le défrichement des forêts. Ces mesures ont toutefois suscité des résistances du fait de leur trop grande sévérité. Ce fut d’ailleurs la période de plus grande déforestation. Lors de la deuxième phase, qui a duré de 2005 à 2009, le Gouvernement brésilien a tenté de mieux assurer le respect de la loi en Amazonie, avec pour priorité de mettre fin à la déforestation, ce qui a conduit à une meilleure coopération entre les différents acteurs publics, notamment entre la police et les procureurs. La zone d’interdiction de toute activité agricole a également été étendue, passant d’un sixième de la forêt à près de sa moitié. Et, fait plus significatif encore, l’action gouvernementale a été appuyée par d’autres facteurs tels que la réduction des recettes de l’exportation des graines de soja en raison de l’appréciation du réal brésilien, l’amélioration sensible des pratiques d’élevage bovin qui a permis aux agriculteurs d’élever davantage de bêtes sur de plus petites superficies, et le boycottage de la consommation de soja organisé par les ONG.

 

Selon The Economist, la troisième phase, qui a commencé en 2009, était une mise à l’épreuve de la capacité de survie des règlements restrictifs face à la reprise de la demande de graines de soja. Le Gouvernement a réorienté son attention des exploitations agricoles vers les municipalités. Les agriculteurs vivant dans les 36 municipalités les plus touchées par la déforestation ont été interdits de crédits à taux réduit jusqu’à ce que la déforestation recule. Un système de registres fonciers a été mis en place par le Gouvernement, à charge pour les propriétaires terriens de déclarer les limites de leurs propriétés aux autorités responsables de la régulation environnementale32. Un boycottage du bétail a également eu lieu sur le modèle de celui du soja. Pour la première fois, des récompenses se sont ajoutées aux pénalités: mesure d’amnistie pour les déboisements illégaux effectués avant 2008 et gratifications financières provenant du Fonds pour l’Amazonie, financé à hauteur d’un milliard de dollars des États- Unis par l’aide étrangère.

1.    Fédération de Russie

 

La Fédération de Russie dispose d’un potentiel d’investissement vert important dans le secteur des services rendus par les écosystèmes, notamment par les forêts et les zones humides33. Le capital naturel du pays, qui est l’un des plus gros producteurs d’énergie au monde, peut cependant jouer un rôle à double tranchant pour la planète. D’une part, ses ressources naturelles constituent une réserve de matières premières pour le développement de l’économie mondiale; d’autre part, cette réserve est pour l’essentiel située dans des zones vierges de toute activité humaine et dont le développement économique à grande échelle pourrait avoir un impact négatif sur l’équilibre écologique mondial.

Environ 65 % du territoire russe est composé de zones vierges. Celles-ci abritent 22 % des ressources forestières naturelles mondiales. Ces zones forestières jouent un rôle crucial dans la séquestration du carbone, la régulation du cycle de l’eau continentale en Eurasie et la conservation de la biodiversité. Il apparaît donc qu’une gestion prudente des riches écosystèmes de la Fédération de Russie pourrait faire de celle-ci un grand fournisseur d’énergie et de services liés aux écosystèmes. C’est pourquoi le Ministère russe des ressources naturelles et de l’environnement, ainsi que le Service fédéral russe des statistiques d’État, ont commandé l’élaboration d’études sur les possibilités de mise en valeur du capital naturel34.

L’un des aspects du capital naturel dont la Russie cherche à tirer parti est l’agriculture. L’agriculture biologique étant une industrie en croissance rapide dans le monde entier, le pays a la possibilité de mettre à profit ses sols fertiles et ses conditions environnementales favorables. À l’heure actuelle, ses législateurs envisagent la mise en place d’un cadre législatif permettant de stimuler le secteur biologique grâce, par exemple, à la mise en place d’une certification pour les producteurs et d’une aide publique aux agriculteurs.

La Fédération de Russie n’a toutefois pas su exploiter son grand potentiel de production d’énergie renouvelable, et ce, en raison du coût relativement peu élevé auquel elle produit ses propres combustibles fossiles35. La capacité économique des sources d’énergie renouvelables se monte environ au tiers de celle de l’ensemble des combustibles fossiles extractibles. Les sources d’énergie renouvelables pourraient constituer au moins 25 % du bouquet énergétique russe si leur capacité économique était exploitée. Cela permettrait de libérer des volumes supplémentaires de pétrole et de gaz pour les exportations et les activités de raffinage du pays.

 

1.    Inde

 

Le National Rural Employment Guarantee Act 2005 est une loi nationale de garantie de l’emploi rural qui instaure un programme d’emploi à salaire garanti destiné à améliorer la sécurité des moyens de subsistance des ménages marginalisés en zones rurales. Ces dispositions, mises en oeuvre par le Ministère du développement rural, ont un impact direct sur la population pauvre, en ce qu’elles promeuvent la croissance inclusive et contribuent à la restauration et au maintien des infrastructures écologiques36. Selon les dispositions de la loi, un minimum de 100 jours d’emploi à salaire garanti par année fiscale est accordé à chaque ménage dont les membres adultes se portent volontaires pour effectuer du travail manuel non spécialisé rémunéré par le gouvernement central.

Au cours des deux premières années et demie qui ont suivi son entrée en vigueur, entre 2006 et 2008, la loi a généré plus de 3,5 milliards de journées de travail et a touché en moyenne 30 millions de familles par an. Le programme a été mis en place dans la totalité des 615 districts ruraux du pays, les femmes représentant environ la moitié de la main-d’oeuvre ainsi employée. L’accent est mis sur les activités à forte intensité de travail, avec interdiction d’utiliser des contractants ou des équipements.

Outre le soutien à l’emploi salarié, la loi a pour objectif secondaire de renforcer la gestion des ressources naturelles rurales. Pour ce faire, le programme finance des projets ruraux qui s’attaquent aux causes de la sécheresse, de la déforestation et de l’érosion des sols, ce qui restaure le capital naturel dont dépendent les moyens de subsistance ruraux.

L’urbanisation rapide de l’Inde a entraîné une forte pollution, notamment de ses principaux axes fluviaux, dont le Gange, lequel est désormais l’un des fleuves les plus pollués du pays37. Le Gange est non seulement un cours d’eau de première importance sur le plan religieux, mais aussi une source d’eau pour environ 40 % de la population de 11 États. La pollution du fleuve a pour origine les déchets d’origine humaine et industrielle non traités que déversent dans ses eaux les nombreuses villes qu’il traverse, un problème qui est d’autant plus aigu durant la saison des pèlerinages, et qui est encore accentué par les barrages qui ralentissent le cours du Gange. Un plan d’action pour le Gange, le Ganga Action Plan, a été lancé en 1986 par le Gouvernement indien, afin de procéder au nettoyage du fleuve. Malgré de fortes dépenses, le plan n’a pas réussi à résoudre le problème à ce jour. En fait, le Gange est actuellement plus pollué qu’en 1986 en raison de la croissance urbaine rapide que connaissent ses rives.

L’Inde a été le théâtre de l’une des pires catastrophes industrielles que le monde ait connues. En 1984, à la suite d’une fuite de gaz dans l’usine de pesticides de la société Union Carbide, à Bhopal, dans l’État du Madhya Pradesh, plus de 500 000 personnes ont été exposées à des gaz toxiques et autres substances chimiques. Plusieurs milliers d’entre elles sont mortes immédiatement, des milliers d’autres sont sans doute décédées de troubles consécutifs durant les semaines suivantes, et des dizaines de milliers d’autres encore ont été frappées d’invalidité ou ont subi d’autres dommages corporels. Les produits chimiques abandonnés dans l’usine continuent de s’échapper et de polluer les eaux souterraines. Tandis que ses causes – négligence de la société ou sabotage par un employé – restent controversées, cet accident a mis en exergue la nécessité d’instaurer des réglementations plus sévères et surtout de garantir leur respect.

 

1.    Chine

 

L’éco-cité de Tianjin, projet collaboratif phare entre les gouvernements singapourien et chinois, consiste à concevoir et construire de A à Z une ville modèle de par son respect de l’environnement et son utilisation économe des ressources38. Ce projet se veut un modèle de développement durable conçu pour être réalisable (les technologies adoptées doivent être abordables et viables sur le plan commercial), reproductible (les principes et modèles doivent être applicables à d’autres villes chinoises et d’autres pays) et adaptable (les principes et modèles doivent pouvoir être adaptés à différentes échelles).

Le Gouvernement chinois avait défini deux critères pour décider du lieu d’implantation de l’éco-cité: celle-ci devait être construite sur des terres non cultivables et manquant d’eau. Le lieu choisi est situé à 40 km du centre-ville de Tianjin et à 150 km du centre-ville de Beijing, dans une région où les ressources en eau sont relativement faibles. L’éco-cité est implantée dans la zone nouvelle de Binhai, au sein de la municipalité de Tianjin, dans l’une des régions chinoises où la croissance est la plus rapide. Avant cette implantation, le site était constitué principalement de bassins salifères, de steppe et de masses d’eau polluées, dont un bassin d’eaux usées de 2,6 kilomètres carrés. Une fois parachevée, aux alentours de 2020, la ville comptera 350 000 habitants et occupera une superficie totale de 30 kilomètres carrés.

Son industrialisation rapide a permis à la Chine de se transformer en une véritable puissance économique. Cependant, une importante leçon doit être tirée de son développement: il faut impérativement s’occuper simultanément de l’impact environnemental de l’industrialisation rapide et du développement économique. La première étape du processus d’industrialisation chinois a consisté à améliorer la productivité du secteur agricole du pays et à libérer ainsi une partie de la main-d’oeuvre au profit du secteur industriel39 (en Afrique, 65 % de la main-d’oeuvre est encore employée dans le secteur agricole, alors que celui-ci ne représente que 32 % du PIB40). Ces dernières décennies, toutefois, en raison d’une industrialisation débridée, le peuple chinois a considérablement souffert de la pollution de l’air et de l’eau, ainsi que de la dégradation des sols41. Il est donc crucial de s’assurer que les dégâts causés à l’environnement soient maîtrisés dès le début du processus de développement, et ce, par la mise en place de mesures d’incitation et par l’application de réglementations tendant à l’utilisation exclusive de technologies écologiques.

1.    Afrique du Sud

 

En novembre 2011, l’Afrique du Sud a dévoilé son Accord sur l’économie verte, inaugurant un partenariat entre le Gouvernement, le monde des affaires, les syndicats et la société civile. L’Accord fait partie d’une série d’accords passés dans le cadre du programme New Growth Path; selon l’un de ses éléments clefs, l’économie verte devrait permettre de créer 300 000 emplois au titre des objectifs du New Growth Path qui sont de créer 5 millions d’emplois d’ici à 2020 et de doubler la production d’énergie propre du pays.

Cet Accord constitue un exemple positif d’incitation à la création de partenariats entre parties dont le soutien est nécessaire à la transition vers une économie verte. Il met également l’accent sur le rôle majeur que l’État est appelé à jouer dans le développement industriel vert par la mise en place de politiques, de mécanismes institutionnels et d’un soutien financier appropriés.

Le gouvernement sud-africain a également annoncé son projet de mettre en place une taxe sur les émissions de carbone, et ce, malgré la dépendance du pays vis-à-vis de la production de combustibles fossiles, l’espoir étant de favoriser une économie plus sobre en énergie ainsi que le développement de combustibles de substitution plus écologiques. L’entrée en vigueur de cette taxe, initialement prévue pour 2015, a été repoussée à 2016 en raison, semble-t-il, des pressions exercées par le lobby des affaires.

Il est important que l’Afrique du Sud développe des compétences et des infrastructures locales capables de mettre en oeuvre les technologies vertes et de soutenir efficacement leur adoption, diffusion et utilisation efficace, dans la mesure où ces technologies nécessitent un seuil minimum de compétence qui n’a pas encore été totalement atteint42. Les experts conviennent que le pays doit soutenir activement le développement de compétences humaines dans ce domaine, étant donné le faible nombre d’étudiants inscrits dans les filières scientifiques, obstacle avéré et majeur au développement d’une main-d’oeuvre hautement qualifiée42.

 

D. AXE SUD-SUD: L’ESSOR DE L’AFRIQUE

 

Selon le Rapport sur le développement humain 2013 réalisé par le Programme des Nations Unies pour développement, « [l]’essor du Sud est en train de modifier radicalement l’aspect du monde du XXIe siècle, grâce aux nations en développement qui mènent la croissance économique, extirpant des centaines de millions de personnes de la pauvreté et propulsant des milliards de personnes supplémentaires dans une nouvelle classe moyenne mondiale ». Ce même rapport prévient toutefois que « [l]’inaction au niveau environnemental, particulièrement en ce qui concerne le changement climatique, peut potentiellement stopper, voire même inverser le progrès du développement humain dans les pays et les communautés les plus pauvres du monde23 ». Ces dix dernières années, les échanges commerciaux de l’axe Sud-Sud ont presque doublé, tandis que ceux de l’axe Nord-Nord ont diminué (voir la figure 1). Les pays du groupe BRICS sont devenus les plus importants partenaires commerciaux des pays africains, avec, comme noté plus haut, des échanges qui devraient dépasser les 500 milliards de dollars des États-Unis d’ici à 2015. Ainsi le commerce entre la Chine et l’Afrique subsaharienne est-il passé de 1 milliard de dollars en 1992 à 140 milliards de dollars en 2012. Les ressources naturelles (hormis les carburants) représentaient 13,1 % des exportations africaines à destination des pays du groupe BRICS en 2011. Toutefois, ces ressources sont exploitées de manière non durable et leur commerce n’a qu’un impact très limité sur les impératifs de développement social et économique du continent. Il est à noter que les carburants sont les produits les plus exportés par l’Afrique vers les pays du groupe BRICS – avec une part de 74,4 % en 2011 – et que plus de 30 % de l’investissement direct chinois en Afrique vise les industries extractives2 (voir l’annexe II). Outre qu’ils sont dotés de ressources naturelles abondantes susceptibles de donner lieu à des stratégies industrielles inclusives et durables et à des synergies entre secteurs, de nombreux pays africains comptent une population jeune qui pourrait répondre aux besoins du marché mondial à une époque où la main-d’oeuvre productive des pays développés diminue en raison du vieillissement rapide de leurs populations.

L’Afrique devrait s’efforcer d’établir des partenariats avec les pays du groupe BRICS afin de susciter la mise au point de technologies vertes, celles-ci devenant rapidement la force motrice de l’innovation au service du développement durable. En matière d’innovation, l’accord de coopération multilatérale récemment conclu par le groupe BRICS (BRICS Multilateral Cooperation Agreement on Innovation) donne au continent l’occasion de tirer parti de projets et initiatives favorisant les investissements dans l’innovation technologique, avec un accent particulier mis sur l’infrastructure et l’énergie durable, ainsi que sur les processus et produits novateurs dans diverses branches de l’industrie, des services et de l’agro-industrie47.

LIENS COMMERCIAUX

1.     Liens commerciaux: Le commerce Sud-Sud offre aux pays africains un moyen de tirer parti de leurs points communs avec d’autres pays en développement

 

Les pays africains ont des besoins similaires pour ce qui est des technologies et de l’adaptation des technologies aux conditions locales. Cette situation crée donc des possibilités pour le commerce Sud- Sud en matière d’équipements et de services. Le commerce Sud-Sud offre aux pays africains de nouvelles possibilités de participer à des chaînes de valeur mondiales et d’exporter vers des pays en développement situés dans d’autres régions. La proximité et les conditions similaires des pays d’une même région fournissent des occasions commerciales, notamment dans le secteur des biens environnementaux. L’établissement d’un marché régional pourrait concourir à la réalisation des économies d’échelle dont les pays en développement ont besoin dans le cadre des programmes d’intégration régionaux existants.

1.     Les technologies vertes au service de l’énergie renouvelable

 

Une forte croissance est prévue en Afrique dans le domaine des installations d’énergie renouvelable. La Chine est le plus gros exportateur de cellules photovoltaïques vers d’autres pays en développement, notamment vers les pays d’Afrique. L’Inde est un autre grand exportateur de photovoltaïques (quoiqu’à bien plus petite échelle que la Chine et que la Province chinoise de Taiwan). Durant la période 2009-2012, la Chine a exporté des cellules photovoltaïques à hauteur de 400 millions de dollars des États-Unis vers certains pays africains.

1.     L’industrie de la « refabrication » en Afrique

 

La refabrication permet aux producteurs de recouvrer une partie importante des matériaux et des composants initialement utilisés dans le processus de fabrication, et de fabriquer un nouveau produit à moindre prix. Le procédé est également avantageux d’un point de vue écologique: les émissions de gaz à effet de serre et la production de déchets sont moindres que pour la fabrication d’un nouveau produit. En outre, le coût total de refabrication peut être jusqu’à 40 % moins élevé. Le procédé peut être utilisé pour n’importe quel produit se prêtant à être démonté et nettoyé, et contenant des composants qui peuvent être remplacés ou réparés afin de préserver sa fonction initiale. Il s’agit donc d’une possibilité intéressante pour de nouvelles entreprises implantées dans des pays en développement, car elle présente des avantages sur le plan écologique, se traduit par des prix à la consommation plus avantageux et stimule les exportations vers d’autres pays en développement. Ce mode de fabrication devient une partie prépondérante de la stratégie industrielle de nombreux pays. Il existe déjà un commerce intrarégional actif de produits refabriqués en Afrique.

1.     L’agriculture biologique au service de la coopération et du commerce régionaux

 

La production agricole biologique est un secteur dynamique dans lequel les exportations des pays en développement ciblent spécifiquement les marchés des pays développés. Il existe plusieurs obstacles au développement de marchés biologiques en Afrique, notamment le manque de soutien gouvernemental, les économies d’échelle insuffisantes (en raison de la petite taille des exploitations agricoles), les importations agricoles subventionnées de nombreux pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le manque de ressources, de compétences et de formation nécessitant des investissements en temps et en argent, les coûts élevés liés à la certification, la multiplication des normes sur les marchés d’exportation, et l’inadaptation des normes étrangères aux conditions agroécologiques locales.

Dans certains pays tels que l’Ouganda, un secteur privé réceptif et une approche multipartite ont débouché sur des partenariats entre agriculteurs, groupements d’agriculteurs, organisations non gouvernementales, organisations de mouvements d’agriculture biologique, gouvernement et organismes de certification, qui commencent à porter leurs fruits. Des progrès ont également été réalisés dans l’application de normes biologiques régionales. La Norme des produits biologiques de l’Afrique de l’Est, par exemple, aide les petits exploitants de la sous-région à faire reconnaître leurs produits comme biologiques sur les marchés locaux, par la méthode du système participatif de garantie44. Certains gouvernements ont commencé à intégrer l’agriculture biologique dans leurs programmes d’incitation aux exportations non traditionnelles.

Les politiques de développement des marchés intérieurs africains pourraient favoriser le commerce Sud-Sud des produits de l’agriculture biologique à l’échelle régionale. La coopération régionale pourrait également servir à générer une offre de produits convenant à l’exportation. Le commerce Sud-Sud peut représenter un avantage pour les normes régionales ainsi que pour les initiatives en matière de reconnaissance mutuelle et d’étiquetage.

1.    Des modèles d’installations énergétiques efficaces

 

Le chauffage solaire de l’eau constitue l’une des façons les plus simples et les moins onéreuses d’exploiter une énergie renouvelable. Certains pays africains mettent actuellement en place des politiques commerciales visant à développer le marché du chauffage solaire de l’eau et la production intérieure de ces systèmes. L’Afrique du Sud s’est fixé l’objectif ambitieux d’installer un million de systèmes d’ici à mars 2015. Soucieuses de promouvoir la résilience aux changements climatiques, les autorités envisagent d’imposer la condition d’une faible émission de carbone aux fabricants qui souhaitent accéder à ces marchés publics pour fournir des systèmes de chauffage solaire de l’eau produits localement avec l’aide de subventions gouvernementales.

Les petites centrales hydroélectriques ont l’avantage d’être simples, fiables à long terme, très performantes et faciles à entretenir. Elles constituent, si l’on se base sur toute leur durée de vie, le moyen technologique le moins onéreux pour électrifier les zones rurales. Si le continent africain ne représente à ce jour que 0,5 % de la capacité installée de ces centrales, le potentiel encore inexploité est vaste en Afrique subsaharienne, et l’importation de petites centrales hydroélectriques dans le cadre du commerce Sud-Sud aiderait certains pays de la région à exploiter ce potentiel durant les années à venir.

 

IV. CONCLUSION

Le changement transformationnel se pose en objectif pour l’Afrique alors que de nombreux pays africains, soucieux de franchir les étapes de leur développement économique et social, effectuent de lourds investissements dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de l’eau et de l’infrastructure. Ces pays doivent employer des moyens innovants, tenant compte de la problématique socioécologique, pour réaliser la croissance durable et inclusive qui leur permettra de répondre aux besoins d’une population en plein essor, et de s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation d’une classe moyenne croissante. Les sources d’énergie renouvelables dont dispose l’Afrique lui donnent la possibilité de faire appel à des systèmes énergétiques décentralisés et abordables pour élargir considérablement l’accès de ses populations rurales à l’énergie.

L’investissement vert et la croissance inclusive en Afrique nécessitent une meilleure utilisation des ressources naturelles, guidée par une combinaison de politiques et de réglementations attentives aux préoccupations écologiques et sociales propres au développement. Au sein du groupe BRICS, certains pays sont en train de transformer leur développement par l’innovation et par l’intégration de la logique de durabilité dans leurs principales pratiques commerciales. L’Afrique peut tirer parti de l’approche de ces pays en coopérant avec eux dans les domaines du développement des capacités humaines, du financement, du commerce équitable, de l’infrastructure et du transfert de technologies plus propres.

Des études ont montré que lorsque la croissance du PIB était ajustée pour prendre en compte la part prise par les ressources naturelles et les écosystèmes, elle devenait plus faible dans la plupart des cas, et parfois même négative. Selon le document Inclusive Wealth Report 2012, par exemple, dans le cas des économies chinoise, brésilienne et sud-africaine, réputées avoir crû respectivement de 422 %, 31 % et 24 % entre 1990 et 2008, une évaluation réalisée à l’aide de l’indice de richesse globale révèle que les deux premières n’ont crû que de 45 % et 18 % respectivement pendant cette période, tandis que la troisième s’est même contractée de 1 %, les ressources naturelles par habitant ayant diminué de 33 % en Afrique du Sud, 25 % au Brésil et 17 % en Chine pendant la même période26. Il faut donc en retenir que même si l’exploitation des ressources naturelles peut générer des avantages économiques à court terme, l’épuisement des ressources peut affaiblir le potentiel de croissance et de développement économiques à long terme. L’importance de l’inclusion sociale en tant que partie intégrante du développement durable a servi de point de départ au sixième Sommet du groupe BRICS. L’article 1erde la Déclaration de Fortaleza parle du défi que représente pour l’humanité la réalisation concomitante de la croissance, de l’inclusivité, de la protection et de la préservation46. Aussi l’Afrique doit-elle éviter de reproduire les erreurs des pays développés pour maintenir sa croissance et atteindre ses objectifs à long terme de développement et de lutte contre la pauvreté. Elle peut y arriver si elle choisit la « voie verte » pour réaliser la transformation de ses structures et de son développement.

 


 

 

 

 

ANNEXE I: RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES RENOUVELABLES ET NON RENOUVELABLES EN AFRIQUE (VERSION COMPLÈTE DU TABLEAU 2)

 

Type d’énergie

Réserves

Répartition géographique

Observations

Références

Renouvelables

Énergie hydroé­lectrique

(11 % du potentiel mondial total)

1 834 TWh/an

Afrique centrale: 57 %

Afrique de l’Est: 32 %

Reste de l’Afrique: 11 %

93 % du potentiel reste inexploi­té.

La République démocratique du Congo possède environ 42 % du potentiel hydroélectrique africain.

Conseil mondial de l’énergie

Biomasse

Biomasse fores­tière: 70 milliards de tonnes

Afrique entière

La majeure partie de la biomasse est actuellement utilisée pour la cuisson (biomasse traditionnelle).

La production de biocarburant est notamment envisagée au Ghana, au Mozambique et en Zambie.

M. Parikka

Énergie solaire

Ensoleillement: 1 800-2 850 kWh/m2/an

Majeure partie de l’Afrique

Afrique du Nord: rayonne­ment moyen de 6,1 kWh/m²/ jour

Afrique de l’Est: rayonne­ment moyen de

5 kWh/m²/jour

Afrique australe: rayonne­ment moyen de 5 à 6 kWh/ m²/jour

Afrique de l’Ouest: rayonne­ment moyen

de 3 à 4 kWh/m²/jour

Ensoleillement tunisien:

1 700-2 200 kWh/m²/an

Potentiel technique de produc­tion photovoltaïque:

33 TWh/an en Gambie

8 700 TWh/an au Soudan

Potentiel de production d’énergie solaire à concentration:

7 TWh/an en Érythrée

40 500 TWh/an en Libye

Conseil mon­diale de l’énergie

National Re­newable Energy Laboratory

Énergie éolienne

Vitesse du vent:

Afrique australe (6-7 m/s)

Afrique du Nord (5-8,5 m/s)

Les sites les plus intéressants se trouvent le long des côtes de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe.

L’Égypte, le Maroc et la Tuni­sie assurent environ 96 % des 1 014 MW de capacité installée de la région.

D’ici à 2020, la production d’énergie éolienne augmentera d’environ 8 500 MW la production énergétique africaine.

Desert Research Foundation of Namibia

Business Insights

World Wind En­ergy Association

 

 

Source: Centre africain pour les politiques climatiques,

 





 

 

 

 

 

 

 

 

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